dieu2
Titre original
|
Dieu est en retard | ||
© Gallimard |
Titre original | Dieu est en retard | |
Editeur | Gallimard | ||
Collection | nrf | ||
Lieu d'édition | Paris, France | ||
Année de l'édition | 1955 | ||
Année du copyright | 1955 (Gallimard) | ||
Langue | Français | ||
Genre | Roman | ||
Baby vit à Budapest, entre sa belle-mère, qu'elle déteste, et son mari, chef d'orchestre qui s'est inscrit au parti communiste pour s'attirer les faveurs de l'Etat tout-puissant. Sa soeur Anna, elle, vit à la campagne; son mari est notaire; elle a deux filles dont l'une, Ida, est boiteuse, quoique fort belle.
Malgré de multiples efforts pour survivre sous le nouveau régime, les deux familles, d'origine bourgeoise, sont peu à peu dépouillées et traquées. Ni la liaison de Baby avec un fonctionnaire de la police, ni le don au peuple de ses terres par le notaire n'empêcheront la mort de ce dernier, l'arrestation du fiancé d'Ida, la déportation du chef d'orchestre et des siens. De ce roman, qui est toujours alerte, coloré, se dégage avec une vérité saisissante le caractère inexorable de l'Etat : la liberté qu'on tente de sauvegarder disparaît morceau par morceau, sans retour en arrière, sans rémission. Et les sentiments de chacun sont mis à nu avec une acuité sensible et pénétrante : nostalgie du passé, terreur du présent, et surtout impression de solitude, la solitude que crée la méfiance et qui empêche deux soeurs de se confier réciproquement leurs affres, car chaque famille, à voir l'autre faire sa cour au Parti, la croit sincèrement communiste et tous se traitent d'espions. Pour la première fois un roman à l'intrigue fertile et pleine de rebondissements décrit la vie quotidienne derrière le "rideau de fer" d'une femme charmante et futile, à qui l'on n'imaginerait jamais que puisse être réservé pareil destin. L'impartialité et l'objectivité de l'auteur ne font que rendre son oeuvre plus poignante et plus humaine. |
|
|
" Selon son habitude, Baby se réveilla en bâillant. Elle bâillait bien avant d'avoir entr'ouvert un œil comme pour affirmer la persistance de sa fatigue et proclamer son bon droit à quelques heures supplémentaires de calme et de pénombre.
Pourtant, le soleil resplendissait au-dehors même à travers les lourds rideaux de velours tirés devant la fenêtre. Une chaleur étouffante régnait dans la pièce. Les murs n'arrivaient même pas à étouffer les bruits. Quelque part - funeste rappel à la réalité - on remplissait une baignoire. " On dirait une charge de cavalerie ", pensa Baby en se recroquevillant sous ses couvertures. Mais, bien vite, elle s'allongea de nouveau, se rappelant qu'elle avait un cou à préserver des rides… La charge de la cavalerie se poursuivit infatigable, et, de plus, la sonnette retentit à la porte d'entrée. " |
|
|
Le Monde, 05.11.1955 |
© Christine Arnothy |